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    J'adore les petites annonces de rencontre. On y découvre de la misère, de la bêtise, et surtout, en lisant bien, on arrive facilement à découvrir les non-dits. Oui, c'est pas très clair comme ça, on dirait presque un rapport d'expertise de Jean-Luc Viaux, mais vous allez comprendre. Florilège du mois.



    • JF, 35 ans 1 ENFT, rêve de vivre avec un chef d'entreprise gentil et respectueux(...) Voilà pour le côté misérable. Cette femme veut un mec pété de tunes mais gentil. Mais surtout pété de tunes. Madame se rêverait patronne. Madame en a chié, et souhaiterait prendre une revanche sur la vie, qui est une chienne, comme le chante Bernard Lavilliers avant d'aller se reposer dans son hôtel particulier.

    • H 45A, forte corpulence, cherche F de forte corpulence pour rel coquine et suivie (...). Oui, puis s'ils arrivent à se reproduire, ils pourront toujours appeler les êtres que madame aura péniblement mis au monde Barrique (pour une fille) ou Tonneau (pour un garçon).

    • CHERCHE COMPAGNON POUR VIE A 2, pas sérieux s'abst. Age entre 50/55a. Là, c'est la bêtise. Quand on pense que de pauvres femmes qui tiennent des agences matrimoniales sont obligées, chaque semaine, de déployer des trésors d'ingéniosité pour arriver à fourguer leur marchandise (parce que le courtage matrimonial revient à ça), et qu'on voit cette femme, qui doit être un monstre de tyranie (oui, rien que l'annonce me fait flipper) passer une annonce comme on donne un ordre...

    • JF 35 ANS, div, ouvrière, BAC et parlant plusieurs langues (...). Elle cherche un mec ou un nouveau boulot dans l'import / export ?

    • H DFC F 45/55A pour rel durable ou + si aff. (...) Oui, y'en a qui veulent baiser et qui peuvent éventuellement envisager une relation durable, Monsieur envisage d'abord une relation durable et baisera éventuellement ensuite.

    • 62 ANS, Martine est une veuve très féminine, charme méditeranéen, longs cheveux noirs (...) Alors là, il faut décrypter: charme méditeranéen, ça veut dire « gaulé comme une mama sicilienne », c'est à dire que Madame pèse un bon quintal pour 1m60. En plus, quand il est précisé « longs cheveux noirs », ce qu'on ne sait pas, c'est que ce ne sont pas ses cheveux, mais ses sourcils. Oui, en fait, cette femme ressemble à un Philippe Seguin auquel un dieu mesquin comme le dieu des chrétiens, vengeur comme le dieu des juifs et détestant les femmes comme le dieu des musulmans, un Philippe Seguin donc auquel ce dieu aurait collé des nichons. Une femme certainement velue du berlingot en plus.

    • JF TRENTAINE, pas heureuse en vie de couple cherche monsieur de son âge dans même situation. Et ben... Quand on pense que Noël est dans un mois, on ne peut que souhaiter un joyeux Noël à cette dame.



    Matthieu


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    Normalement, comme en 2005, quand il y a des émeutes en banlieue, les casseurs fabriquent des cocktails molotov, les lancent sur les CRS avec des pavés, des barres de fer, et toutes sortes de projectiles. Dans les évènements de ces derniers jours, les CRS se sont fait tirer dessus avec des fusils de chasse. Ce n'était pas une émeute, c'était une guerilla urbaine. Des forces armées non institutionnelles affrontent, par petits groupes mobiles, des forces armées institutionnelles, qui doivent tenir des points (un commissariat en rénovation par exemple).


    Et pourquoi cette guerilla urbaine ? A cause du chômage répondent certains bien pensants. Ah ? Donc, on peut voir, chaque samedi soir, des hordes de chômeurs brûler des voitures. Non.


    Des casseurs qui se sentent victimes (puisque l'on vit dans une société où tout vous est pardonné par les bien pensants du moment que vous êtes arabes / noir / musulman, en un mot, exotique; enfin, exotique pour tous ces gens de gauche qui aiment bien leur femme de ménage algérienne s'entend, parce que vraiment, quand elle part, on voit que les toilettes ont été nettoyées hein) disent « on est mal considéré ». Et c'est vrai que l'incendie d'une école et d'une bibliothèque devraient permettre de mieux considérer ces gens.


    Le manque de lieu pour se retrouver... La belle affaire ! Ces jeunes barbares pratiqueraient la politique d'Attila par ennui... Mais alors, si c'est vraiment ça, pourquoi diable aller brûler une salle qui permettait à ces jeunes de se retrouver ?


    Le manque d'argent ? Les politiques mises en place pour les banlieues sont très chères et inefficaces, et on se retrouve maintenant avec un empilement de mesures qui rend indispensable une remise à plat (un peu comme pour les allègements de charge pour les entreprises), comme le dit le rapport de la cour des comptes. Et puis si l'argent est un problème, où ces petits miséreux ont-ils trouvé les moyens de s'acheter des armes ?


    Personne n'a parlé de la connerie. Mais pas la connerie qui se justifie (ou cherche à se justifier), non, la connerie pure. De la vraie. Pas de la coupée. De la connerie qui pousse à brûler la voiture de son voisin (c'est à dire le mec à qui, normalement, on dit bonjour), à incendier l'école de son frère, la bibliothèque municipale... De la bêtise crasse. Comme celle qui a poussé les spectateurs du match France-Maroc à siffler la Marseillaise ainsi que tous les joueurs qui ne sont pas musulmans...


    Brice Hortefeux est ministre, normalement, de l'immigration et de l'identité nationale. Mais alors qu'il semble passer son temps à chasser les clandestins et à empêcher les gens de rentrer, pourquoi ne s'occupe-t-il pas de l'identité nationale ? Ce qui fait que l'on vit ensemble ?


    Ah oui, puis un dernier truc: si un jour je trouve les conditions de vie intolérables en France, si vraiment j'en arrive à penser que je ne peux plus y vivre, je ne pousserai pas le masochisme jusqu'à rester en démolissant tout autour de moi. Je partirai dans un autre pays. Et je ne suis pas le seul. Il suffit de voir le nombre de personnes qui vont chercher du travail en Angleterre, en Espagne, en Allemagne.


    Mais il est tellement plus facile de tout exploser en jouant les victimes, soutenu par des associations et des partis politiques qui pensent que tout vaut mieux que d'être blanc et français (comme s'il y avait un quelconque sentiment de honte - ou de gloire - à tirer de cet état de fait), et que les autres sont forcément des victimes, tellement plus facile de brûler la voiture d'un mec qui en a besoin que de se bouger le cul et de partir...


    Tiens, puis pendant que je râle sur les gauchistes irresponsables qui contribuent à enflammer la situation, quel sentiment dénué de ridicule a poussé des associations à manifester contre le mur des disparus en Algérie qui a été inauguré à Perpignan ? (le nom officiel du mur est « mur des disparus morts sans sépulture en Algérie (1954-63) »). Quel est l'intérêt de faire croire qu'en Algérie, les salauds étaient tous du côté français, et les bons du côté algérien ? Quel est l'intérêt de faire croire que ça a été la seule guerre où tous les gentils étaient d'un côté, et tous les méchants de l'autre ?


    Lors de la sortie du film « indigènes », une fille maghrébine déclarait, à la télé: « faut pas oublier que c'est nos grands-pères qui ont libéré la France ». Ben non. Et en fait, c'est peut-être là le noeud du problème: ceux qui ont libéré la France étaient ensemble.

    Lors de la libération, il n'a jamais été question de couleur de peau. Que je sache, le 25 août 1944 sur le perron de l'hôtel de ville, le général de Gaulle n'a pas glorifié des libérateurs « blacks blancs beurs ». Parce que c'était inutile de le préciser.


    A force de vouloir trop en faire, on tombe dans la victimisation des uns, la condamnation des autre, sans aucune raison valable si ce n'est des préjugés un peu imbéciles. Mais tellement dans l'air du temps...


    Matthieu (énervé OFF)


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    Au même titre que Cécilia, Clara est un prénom typique pour une pute. Sauf que l'auteur de ce livre n'est pas prostituée. Elle est une journaliste BSTR (Bien Sous Tous Rapports) qui se lève un jour en se disant que ça serait chouette de faire un truc bien raccoleur, style discuter avec une pute pour en savoir plus. C'est ce qu'elle a fait, et le résultat se présente sous la forme d'un petit livre de 177 pages, dans lesquelles elle parle de Iliana, une prostituée bulgare de 21 ans, de ce qu'est sa vie, de ce que sont ses rêves...


    Iliana se livre assez difficilement. Faut dire que c'est pas évident de faire confiance à quelqu'un qui veut voir votre esprit alors que votre truc, c'est votre corps. Un corps qui sert de réceptacle à sperme aux gens qui paient. Oui, parce que c'est de cela qu'il s'agit.


    On se rendra compte que lorsqu'on parle de glauque pour évoquer la prostitution, on est encore loin de la réalité. On apprendra qu'une pipe doit durer 10 minutes (et franchement, 10 minutes quand on voit où ça se passe, ça relève de l'exploit), que les samedi soirs sont horribles, avec la peur de voir ceux des quartiers arriver et prendre une pute et la jeter après l'avoir frappée et lui être passés tous sur le corps, le soulagement quand ça arrive à une autre, on apprendra aussi que Iliana déteste les mecs qui viennent juste pour parler, qu'elle déteste le contact humain, qu'elle veut en rester, avec son client, à l'échange d'un trou vivant contre de l'argent. On apprendra aussi la crasse, les nausées devant la crasse de certains, on souffrira avec elle devant son histoire d'amour bancale avec un minable délinquant roumain de 24 ans, qui ne rêve que de sodomie et d'argent facile.


    Au final, un livre pas raquoleur du tout, sans pudeur mais sans voyeurisme inutile (tant pis), qui ne prétend pas évoquer une cause dans son ensemble mais qui parle d'une petite fille perdue dans un monde dans lequel son rôle se limite exclusivement à montrer son corps le plus possible dans l'espoir d'avoir un sexe inconnu dans la bouche en échange de 30 € ou d'avoir un sexe dans le sien pour 50 €. Oui, la prostitution, c'est ça, et à la fin, elle rencontre un millionnaire de 30 ans de plus qu'elle et elle l'épouse pour son argent, et il meurt peu de temps après et elle peut faire venir toute sa famille, et elle est heureuse, enfin. Non, je déconne.


    A la fin, elle essaie de s'en sortir, mais se rendra vite compte de la difficulté de la chose, l'argent facile (mais l'argent de la prostitution est-il vraiment de l'argent facile ? Parce que ce qu'on apprend aussi, c'est qu'on ne taille pas une pipe seulement avec sa bouche) ne se compensant pas.


    Un livre assez émouvant, écrit avec juste ce qu'il faut de distance, sans jugement définitif sur la prostitution, les clients et tout le bordel dont les féministes nous rabattent les oreilles à longueur de temps.


    Matthieu


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    Des fois, le dimanche soir, je bois trop. Parce que ça m'emmerde profondément de retrouver mes collègues le lundi, parce que j'en ai marre de mon boulot, parce que je ne peux pas en changer.

    Ce soir par exemple. On est dimanche soir. Jules a fini une journée de 10 heures (qui a suivit 12 autres journées de 10 heures minimum sans pause entre temps), il a été se coucher, et je me suis retrouvé seul avec la bouteille de whisky. Qui ne demandait qu'à avoir un verre dans lequel se déverser. N'étant par nature par contrariant, et surtout pas envers les bouteilles de whisky, j'ai commencé à me servir.


    No one learned from your mistakes

    Le quart. J'ai descendu le quart de la bouteille. J'ai déjà fait pire. Lorsque je vivais seul, il n'était pas rare que la moitié de la bouteille se retrouve vidée au cours de la soirée du dimanche. Avant, je croyais que j'appartenais à la caste de ceux qui flippent le dimanche soir. Puis un jour, après une discussion un peu plus longue avec quelqu'un avec qui je n'ai, hélas, jamais couché, j'ai réalisé qu'en fait, tout le monde appartenait à la caste de ceux qui détestent le lundi.


    We let our profits go to waste

    Je devrais pas. Franchement. Parce que demain, je vais avoir l'impression d'avoir mangé du foie de vrau cru accompagné d'un cendrier.

    Mais des fois, je me déteste tellemement qu'il vaut mieux en boire qu'en pleurer.

    Des fois, je me trouve tellemement nul que je préfère noyer ce sentiment. Parce qu'il est tellemement exacerbé que, même moi, je me rends compte qu'il est impossible que je sois aussi minable dans la réalité que dans ma perception de moi.


    All that's left in any case

    Des fois, je trouve pas les mots.

    Pour laisser un commentaire à quelqu'un qui fait une note qui déchire sa race, une note dont la lecture te donne envie d'imprimer tout le blog de la personne pour pouvoir le relire au fond du lit.

    Pour réconforter Jules qui est en train de se crever au boulot.

    Pour me dire que je devrais me botter le cul pour essayer de progresser dans mon boulot. De passer un concours quoi.


    Is Advertising space

    Je déteste surtout, chez moi, mon inconstance. Mon incapacité à terminer une chose que j'ai commencé. Je pourrais en raconter des pages. Comment je n'ai pas fini le dernier Garcia Marquez que j'ai acheté, comment je n'ai pas dit à ma soeur ce que je voulais lui dire au début de la conversation, comment je n'ai jamais dit à Jules combien je l'admirais, combien il m'éblouit, combien je le trouve grand.


    Alors, parce qu'il est plus facile de se servir dans un grand verre spécialement prévu à cet effet que de dire les choses, je préfère boire. Et franchement, ça faisait un bail que ça m'était pas arrivé de boire seul. Tellement un bail que je crois que la dernière fois, c'était... il y a un moment.


    Parce que même dans l'alcoolisme, je suis inconstant.


    Matthieu


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    La fin de l'année approche, les fêtes de Noël aussi. Et de même que Jean Moulin était invité à rentrer au Panthéon avec son cortège funèbre, les fêtes de fin d'années sont invitées à rentrer dans nos vies avec leur cortège de cartes. Oui, je voudrais parler de ce terrible fléau que sont les cartes de fin d'année.



    Vous avez d'abord les cartes équitables. De monstrueuses femmes tressées en prépuce d'éléphanteau sur fond de feuille de bananier séchés sont collés sur un bout de carton. C'est beau comme l'autopsie d'une victime de Francis Heaulme, mais on se dit que c'est pour la bonne cause, puisque ça servira à financer les campagnes de publicité d'une association qui aide les enfants d'Afrique (mais où en Afrique ?) à apprendre à lire un relevé de compte de la Caisse d'Epargne.



    Vous avez les cartes « d'après une oeuvre peinte par une personne privée de ses mains ». Oui, les cartes peintes avec la bouche, les pieds... Puis notez que lorsque vous recevez ce genre de carte, que vous la retournez pour voir avec quoi le pauvre manchot a peint, et que vous lisez « cette carte est une reproduction d'un tableau que Amédée Tringlard a peint avec son anus », ça vous fait légèrement bizarre. Pourquoi justement à vous ? Pourquoi n'auriez pas pu avoir une carte modestement peinte à la main, ce qui reste quand même le moyen le plus simple de faire un dessin, jusqu'à preuve du contraire ?



    La carte kitsch. Avec des paillettes (grâce auxquelles vous arrivez au boulot plus étincellant que Claude François dans sa baignoire), du mauve, des petites fenêtres qui s'ouvrent et une image d'un feu de bois... Un truc moche, qui va vous saloper tout le salon avec ces paillettes à la con, et qui en plus, ne vous fait même pas plaisir, vu que c'est votre beau-frère qui vous l'envoie, beau-frère avec lequel vous êtes fâché depuis que vous lui avez dit que ses trois pneus peints en blanc empilés dans le jardin pour servir de massif à pétunias n'était pas du meilleur goût.



    La carte vistaprint. Vistaprint est un service qui, moyennant le paiement des frais de transport, vous imprime des cartes de voeux. Le seul problème, lorsque vous en recevez une, est ce qu'il y a écrit juste en dessous des voeux de la personne: « cette carte a été réalisé gratuitement par Vistaprint », ce qui casse un peu le mythe quand même.


     

    Matthieu


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