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    Il y a des trucs qui énervent plus que d'autres. Voici une liste de trucs très très énervants, bien sûr vécus (sinon, comme disait l'autre, ça n'aurait pas de sens):

    • un jour de congé, à 7 h 20, alors qu'on s'est couché à 2 heures passées, la sonnette retentit; c'est le chef du chantier qui se déroule à côté qui demande s'il pourra venir à 11h30 (lui, je suis encore en train de me demander s'il l'a pas fait exprès sur le coup).

    • La vieille qui fait ses courses à 17 heures, alors qu'elle a toute la journée pour ça, et qui en plus paie en pièces de 5 centimes. En même temps, ça serait pas si grave si ça avait été des pièces de 5 centimes d'euros.

    • Le juif qui était devant moi sur l'autoroute, et qui roulait à 90 sur la file de gauche. Et rien à faire, j'avais beau klaxonner et faire des appels de phare, ce juif refusait de se déporter. Pour une fois...

    • Le chef qui vient me refiler un boulot en me disant que je suis compétant pour ça (tu parles, si j'étais compétant, je pense que ça se saurait non ?). Je déteste cette attitude qui consiste à passer de la pommade à quelqu'un juste pour mieux pouvoir l'enculer (sauf si c'est pas au figuré)

    • Le caissier de la station service qui me demande systématiquement mon numéro de pompe, alors que y'a jamais un chat quand je fais le plein de la voiture, je suis toujours seul à la station.

    • Les caissières du Super U qui ne sont pas capables de faire une phrase complète avec sujet + verbe + complément, et qui se contentent de me lancer à la gueule « Carte U ? », ce à quoi je réponds invariablement (et sur le même ton bourru): « Non, pas carte U ».

    • LA caissière du Super U qui est capable de faire une phrase complète sujet + verbe + complément, et qui m'a demandé: « vous avez la carte U ? », ce à quoi j'ai été obligé de fournir une réponse complète avec un verbe. Et ça m'a privé de ma réplique habituelle à Super U. Au point que pour me sentir mieux, j'y suis retourné et j'ai acheté un truc de merde, juste pour pouvoir passer à une autre caisse et pour avoir la délicieuse grâce de m'entendre dire « Carte U ? » d'un ton bourru.

    • Les gens qui opposent deux types de souffrance, et ça m'énerve encore plus quand elles n'ont rien à voir. Du style: oui, les juifs ont été exterminés par millions dans les camps d'extermination, mais les palestiniens, ils souffrent aussi. Ou bien: certes, le régime stalinien a fait plus de 25 millions de morts, mais ma belle-soeur s'est cassée une jambe en faisant du ski à Serre-Che. Et une jambe cassée, ça fait mal.

    • Ne pas arriver à trouver une fin correcte pour cette note.



    Matthieu


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    Il n'y a pas de génies littéraires bayrouistes. Pas plus que socialistes (à la française) ou sarkozystes. Il y a des écrivains qui sont plutôt de gauche, d'autres plutôt de droite, d'autre du centre. Mais ce n'est pas là qu'on trouvera des génies littéraires (sauf si, pour vous, Bernard Werber est un génie littéraire, auquel cas, effectivement, vous êtes en droit de penser que les génies littéraires sont des gens politiquement normaux).


    Non, les génies littéraires sont à aller chercher aux extrêmes. Droite (Céline...) comme gauche. Et c'est justement du côté du fanatisme d'extrême-gauche, du côté d'un ami indéfectible (putain, voilà les mots que je suis obligé d'employer pour pas faire de mauvais jeux de mots) de Fidel Castro, qui l'a soutenu dans les mauvais moments comme dans les mauvais moments (allant même jusqu'à nier les procès politiques), un homme d'extrême-gauche qu'il faut aller chercher l'un des livres (oui, quand le génie est là, les superlatifs sont inutiles) les plus géniaux du XXème siècle: Gabriel Garcia Marquez, qui, contrairement à mon oncle Garcia, est non seulement d'extrême-gauche mais est en plus un écrivain. Alors que mon oncle Garcia n'est ni d'extrême-gauche (c'est même pas qu'il est contre, il sait pas que ça existe) ni écrivain.


    Garcia Marquez avait 39 ans lorsqu'a été publié « 100 ans de solitude ». Ce qui me laisse un peu de marge. 100 ans de solitude est le roman épique d'une famille, dans un village totalement paumé de l'Amérique du sud, où les croyances et les superstitions se mêlent à la magie et au surnaturel.

    L'aventure commence lorsque les fondateurs de la lignée Buendia arrivent à Macondo, ville qu'ils vont construire de toutes pièces, à la suite d'un meurtre commis par le père. Macondo sera le théâtre de la construction de ce village paumé, puis de sa vie, avec ses rebondissement (le père qui devient fou, le fils fortement membré qui s'en va avec les gitans, tellement bien gaulé qu'une gitane s'exclamera « et bien mon garçon, que Dieu te la préserve », le second fils qui va devenir militaire, un homme qui mènera des dizaines d'assauts, tous raté, qui loupera même son suicide et ne se préoccupera pas de ses 17 enfants, que des femmes superstitieuses ont eu avec lui), sa vie (les maladies telles la peste de l'insomnie, puis la peste de l'oubli que seul un vieux gitan sera à même de soigner, la dictature exercée par un des membres de la famille, qui sera fusillé, la compagnie bananière qui va ruiner la santé des travailleurs avant de les faire exécuter par l'armée), sa fin (le déluge, les fourmis, la maison détruite, reconstruite, redétruite) et sa chute (le dernier Buendia qui mourra avec le livre). Tout cela, c'était écrit. Justement par le vieux gitan qui a la potion pour guérir la peste de l'oubli. Un vieux manuscrit laissé à la famille, qui ne pourra être déchiffré que 100 ans plus tard, qui le sera effectivement. Tout était écrit, de l'assomption jusqu'au gitan aux papillons.


    Un livre magistral, épique, qui ferait presque regretter la non élection d'Arlette Laguiller, pour qu'une dictature se mette en place dans le sang, et qu'un génie littéraire apparaisse.

    Un livre que, personnellement, je classe dans mon top 10.



    Matthieu


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    Nouveau: vous déprimez un peu (oui, cette note sera valable uniquement pour les petites déprimes, si vous avez envie de vous suicider, ne vous gênez pas pour moi, de même, si vous décidez de devenir anorexique, merci de m'indiquer votre cantine pour que la bouffe ne soit pas perdue pour tout le monde). Donc, vous déprimez un peu. Vous avez une espèce de coup de blues. Grâce à des dizaines d'années de recherches, voici une méthode révolutionnaire pour retrouver le moral, une méthode que l'Amérique nous envie, une méthode garantie efficace à 100 %: la méthode Michèle.



    En quoi consiste la méthode Michèle ? A écouter des chansons de Michèle Torr en faisant très attention aux paroles. Si, par malheur, vous déprimez alors que vous n'avez pas de disque sous la main, rendez-vous sur dailymotion. Et laissez vous entraîner par les chansons de cette petite française née en provence en admirant une Michèle Torr arborrant d'improbables chemises à jabot.



    Tiens ben justement: dans une petite française, Michèle Torr chante « je suis une provinciale, je n'ai pas lu Pascal »... On passera rapidement sur l'audacieuse rime et la transition inexistante pour s'interroger sur le mystère insondable de la non lecture de Pascal par Michèle Torr. Comment ? Michèle Torr a ce génie du texte sans avoir lu Pascal ? Enorme.



    Vous remarquerez aussi que Michèle Torr a une énorme tendance à se Alain Deloniser: elle parle souvent d'elle à la troisième personne (une petite française, cette fille c'était moi). Derrière la terrible audace de cette utilisation de la troisième personne du singulier pour parler de soi-même, ne peut-on pas en conclure que l'intelligence de Michèle nous submerge à un tel point qu'elle-même a du mal à regarder sa Personne en face ?



    Dans l'interprétation de emmène-moi danser ce soir qu'on trouve sur dailymotion (enregistrement d'un Champs Elysée du 20/02/1982), elle fait exactement les gestes qu'on attend d'elle: d'une main elle tient le micro, de l'autre, elle fait de grands gestes pour englober le public pour qu'une communion entre l'Artiste avec un grand A et ses fans, venus idôlatrer la star. N'est-ce pas pur geste de bonté de la part de celle sans qui rien de ce qui est ne saurait être ? N'est-elle pas bonne comme du bon pain, pour reprendre une expression de cette France profonde si chère à son coeur et à son portefeuille ?



    Une fois que vous aurez répondu à ces trois questions, vous irez mieux. Et votre déprime sera terminée.

    Alors, contre la déprime, une seule méthode: Michèle.



    Matthieu


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  • Une petite chronologie pour commencer:


    • 23 août 1939: signature du pacte Molotov-Ribbentrop (pacte germano-soviétique) de non-agression entre l'Allemagne hitlérienne et l'URSS stalinienne.

    • 27 août 1939: le journal communiste l'Humanité est interdit de parution.

    • 3 septembre 1939: La France déclare la guerre à l'Allemagne.

    • 26 septembre 1939: le gouvernement dissoud le PCF. Les élus PCF sont démis de leurs fonctions.

    • 8 octobre 1939: 33 parlementaires communistes (dont le père de Guy Môquet) pour sabotage et démoralisation de l'armée Française (en guerre contre les nazis)

    • 10 mai 1940: offensive allemande contre la France (et les Pays-Bas, et la Belgique, et le Luxembourg)

    • 14 juin 1940: les allemands entrent dans Paris.

    • 22 juin 1940: l'armistice est signé.

    • 15 octobre 1940: Guy Môquet est arrêté au métro Gare de l'Est pour propagande communiste, alors qu'il distribuait des tracts contre la misère et contre la guerre dûe à l'impérialisme (et surtout pas contre l'occupation allemande, puisque les amis des communistes étaient les nazis). Guy Môquet est ensuite emprisonné à Fresnes, puis transféré à Clairvaux, puis au camp de Châteaubriant.

    • 22 juin 1941: opération Barbarossa: les allemands envahissent l'URSS, mettant fin de fait au pacte Molotov-Ribbentrop.

    • 20 octobre 1941: assassinat de l'Oberstleutnant (Lieutenant-Colonel) Karl Hotz par trois résistants communistes (oui, du coup, les communistes sont devenus résistants, le 22 juin 1941, soit 9 mois après l'arrestation de Guy Môquet)

    • 22 octobre 1941: Guy Môquet est fusillé, en compagnie de 27 otages du camp de Chateaubriand.


    Donc, pour résumer tout ça, les communistes sont les amis des nazis le 23 août 1940. Du coup, ils protestent contre la guerre déclarée par la France à l'Allemagne d'Hitler, et distribue des tracts appelant à refuser cette guerre. Le journal du parti est interdit, les députés communistes déchus. Mais les allemands, amis des communistes (oui, je me répète, parce qu'on a du mal à y croire quand on entend la propagande officielle) gagne la guerre et entrent dans Paris, puis signe un armistice avec la France.

    4 mois plus tard, le jeune Guy Môquet distribue des tracts (vieille tradition communiste qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours, avec la signature de pétitions et les manifestation) à la sortie du métro, tracts parlant de la misère et de la pauvreté, contrairement à ce qui se passe dans l'URSS socialiste, où il n'y a pas de misère, pas de pauvreté, pas de famine (en 1932-1933, la famine organisée par Staline en Ukraine a fait plus de 6 millions de morts).

    Le jeune Guy Môquet, chéri de ses dames et bon sportif, est arrêté et envoyé dans un camp où il y a pleins de communiste.

    9 mois plus tard, alors que Guy Môquet est retenu sans aucune charge, l'Allemagne rompt le traité germano-soviétique en envahissant l'URSS. Les communistes se découvrent du coup une position de résistants aux nazis (ils brûlent un jour ce qu'ils ont adoré la veille) et 4 mois plus tard, tuent un officier allemand. En représaille, on prend des gens dans le camp où se trouvait Guy Môquet, et on les fusille. Des gens tous emprisonnés avant la rupture du traité germano-soviétique, donc des gens qui ont résisté à TOUT, SAUF aux nazis.


    Guy Môquet et ses compagnons otages sont morts trop jeunes, fusillés comme otage pour des faits qu'ils n'avaient pas commis.


    Mais Guy Môquet a envoyé une lettre à sa famille, lettre bouleversante de nunucherie. Du coup, dans notre époque essentiellement dominée par le bonsentimentalisme, cette lettre est devenue une lettre émouvante.

    Matthieu


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    Ma vertu préférée : La constance

    Le principal trait de mon caractère : Le dilettentisme

    La qualité que je préfère chez les hommes : La bonté

    La qualité que je préfère chez les femmes : Si les femmes avaient des qualités, ce seraient des hommes

    Mon principal défaut : le découragement rapide

    Ma principale qualité : la curiosité

    Ce que j'apprécie le plus chez mes amis: qu'ils soient là

    Mon occupation préférée : l'occupation allemande (c'est pas de moi, hélas, c'est de René Fallet)

    Mon rêve de bonheur : avoir une grande maison avec des poules dehors

    Quel serait mon plus grand malheur : devenir communiste

    A part moi, qui voudrais-je être : un beau mec bien foutu

    Où aimerais-je vivre : dans une grande maison avec des poules dehors

    La couleur que je préfère : je n'en ai pas

    Les fleurs que j'aime : les oeillets, les roses

    L'oiseau que je préfère : la grive, rôtie avec une tranche de lard et des petits raisins

    Ma nourriture et ma boisson préférée : du foie gras avec un bon vin blanc

    Ce que je deteste par dessus tout : les bons sentiments, qui sont à l'existence ce que le PQ est à un bon repas

    Mes auteurs favoris en prose : Romain Gary, Boris Vian, Gabriel Garcia Marquez, Céline, J.D. Salinger

    Mes poètes préférés : Victor Hugo, Charles Baudelaire

    Mes héros dans la fiction : Les acteurs pornos

    Mes héroïnes favorites dans la fiction : Les actrices pornos

    Mes compositeurs préférés: Bethoveen, Chopin, Listz

    Mes peintres préférés: David, Gericault, Delacroix

    Mes héros dans la vie réelle : Les gens qui reconstruisent quelque chose après avoir tout perdu

    Mes héroïnes préférées dans la vie réelle : Les femmes qui travaillent avec ma soeur, qui est un tyran

    Mes héros dans l'histoire : Ceux qui ont résisté, ici ou ailleurs

    Le personnage historique que je n'aime pas : Che Guevarra

    Les faits historiques que je méprise le plus : Les goulags

    Le fait militaire que j'estime le plus : La victoire contre les turcs à Vienne en 1682, avec les cavaliers polonais ailés

    La réforme que j'estime le plus: L'interdiction de la torture lors des enquêtes policières

    Le don de la nature que je voudrais avoir : Savoir dessiner

    Comment j'aimerais mourir : En m'en rendant compte, pour pouvoir dire (ou penser): « tiens, c'est maintenant »

    L'état présent de mon esprit : En attente

    La faute qui m'inspire le plus d'indulgence : Le meurtre d' enfants

    Ma devise : C'est déjà assez compliqué d'être moi, je vais pas en plus me mettre à la place des autres. (Romain Gary)


    Matthieu


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