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    En fait, je suis capable de faire pleins de choses, enfin, plus que ce que je ne pensais. Il y a quelques semaines, Jules a été hospitalisé (rien de grave, après 3 jours il était sur pieds). J'ai fait des allers-retours à l'hosto (80 bornes a/r), j'ai mené à Jules des tomates cerises (oui, à la fin, je les achetais par cartons entiers, la dégustation de tomates cerises étant à Jules ce que les rapports sexuels sont aux éjaculateurs précoces), du saucisson (faut que je vous raconte), des trucs qu'il avait oublié à la maison et qu'il lui fallait de toute urgence...


    Aller à l'hôpital pour une visite ne me dérange pas. Je peux me taper 160 bornes sans problème pour aller à l'hôpital. Je peux y rester des après-midis entières (du moment qu'il y a un endroit où boire du café), discuter avec les médecins (Jules n'étant pas français et les médecins non plus, la communication a été parfois difficile), aller en centre-ville un samedi après-midi chercher quelque chose à Jules... Je n'ai aucun problème avec tout ça. La seule chose qui me pose problème, c'est de revenir.


    Aller à l'hôpital visiter Jules, ce n'est rien. Revenir de l'hôpital, c'est horrible. Franchement...


    Bon alors le coup du saucisson:

    Jules avait donc un saucisson planqué dans un des tiroirs de la table de chevet de la chambre d'hôpital, parce que la nourriture était excessivement dégueulasse. Bon. Et un médecin n'ayant vraisemblablement pas toute sa tête a décidé d'envoyer à Jules une diététicienne...

    Une diététicienne... En d'autres temps, on envoyait des chrétiens aux lions... O tempo, o mores. Pour vous situer, Jules peut regarder un film d'horreur avec des gens dépecés vivants à la scie égoïne en mangeant des bonbons, ça ne l'atteint absolument pas. Mais si on regarde un reportage avec une diététicienne dedans, il se met à trembler, a des sueurs froides, ne dormira pas de la nuit et lance de l'eau bénite sur le téléviseur en agitant frénétiquement une gousse d'ail.

    Bref, la diététicienne arrive et indique à Jules qu'il ne faut pas manger trop salé. Et Jules lui réponds: « je sais, la preuve, j'ai pas encore entamé le saucisson ! » et il sort le saucisson du tiroir...

    La pauvre diététicienne, honteuse et confuse, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus...

    Jules était tout content de me raconter ça quand je suis arrivé (quelques heures après). J'ai eu pitié de cette pauvre femme... Qui avait plus de ressources que je ne le pensais:

    Le soir, le repas arrive... Et là... surprise... TOUT sans sel !!! pâtes, tranche de porc, soupe de poireaux... sans sel !!!


    La vengeance est peut-être un plat qui se mange froid, mais, pour les diététiciennes, il se mange surtout sans sel !


    Matthieu


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  • ceci est la photo très moche d'une huître
     

    Max et Sabrina auraient pu former un super couple. Tout aurait pu bien marcher entre eux. Parce qu'ils avaient des goûts très proches: en matière de culture (ils étaient tous les deux fans de « Qui veut gagner des millions? »), de littérature (à eux deux, ils possédaient l'ensemble des oeuvres d'Amélie Nothomb) et surtout de grande musique; c'est d'ailleurs ce qui les avaient réunis. Ils s'étaient rencontrés à la FNAC, chacun voulant acheter « Baryton », l'album de Florent Pgny reprenant les plus grands airs d'opéra. Ils s'étaient retrouvés là, devant le rayon « meilleures ventes » de la FNAC, tous les deux... Et un peu comme dans un film (ou comme dans une histoire à la con qui ne trouve son intérêt que dans la phrase du titre qui servira un peu plus tard dans un moment qui se voudra drôle, si si, vous verrez), il n'en restait qu'un seul.


    ***


    Max n'était pas quelqu'un de spécialement galant. Il n'en avait pas besoin. La galanterie... Cette chose étrange qui permet aux hommes moins beaux de faire croire aux femmes qu'elles le sont encore plus. Ses yeux bleus comme les mers profondes de l'océan indien (il adorait cette phrase qu'il avait lu dans les petites annonces de rencontres, il trouvait qu'elle lui correspondait tout à fait en plus d'être poétique) et son visage poupin (il était beau comme un enfant fort comme un homme etc...) ne rendaient pas indispensable une quelconque marque d'intérêt envers les filles, qui, en général, le répéraient avant qu'il n'ait besoin de tenter la moindre manoeuvre d'approche. Bref, Max était ce qu'on appelle un beau mec. Pas galant. Il avait donc saisit le cd sous l'oeil déçu de Sabrina.


    ***


    Sabrina, de son côté, n'était pas quelqu'un de spécialement discret. Une voix légèrement suraigüe, juste ce qu'il faut pour trouver pourquoi cette fille se trouvait être plus énervante qu'une allergie à la bière, des manières qui n'en étaient pas, mais un corps harmonieux, avec des jambes qui prolongeaient une jupe très courte qui moulait un cul à gagner de l'or; elle possédait des seins tout à fait convenables dans un top rose fluo qui ne l'était pas. Bref, quand elle vit que Max avait saisi sous son nez le dernier exemplaire du cd de Florent Pagny, elle lui dit, avant toute l'absence de délicatesse dont elle était capable:

    « Eh, mais je le veux, je me suis pas tapé le métro depuis boulevard d'Anvers pour me le faire piquer sous la gueule! »

    Après une discussion qui permit à l'un et à l'autre d'apprécier l'autre (et l'un), ils partirent boire un verre, puis décidèrent de se revoir. Le premier soir, ils ne couchèrent pas ensemble. Parce que Sabrina, qui n'aimait rien tant que fumer au volant en coinçant sa cigarette au coin de sa bouche, Sabrina donc avait lu que c'était vulgaire. Et Sabrina détestait autant la vulgarité qu'elle adorait la tenue de goût de Lio, un soir par semaine, dans l'émission « La nouvelle star ». Lio était le plus souvent vêtue d'une sobre mini-jupe imitation léopard assortie à un haut blanc avec deux traces de mains sur la poitrine. Et ça, pour Sabrina, c'était la classe.


    ***


    Max avait le temps. Il ne couchait pas le premier soir. Jamais. Et quand il couchait avec une fille, il était rare qu'il y ait un deuxième soir. Parce qu'être avec une fille, c'était un truc à emmerdes. Sauf avec Caroline... Mais Caroline s'était barrée, laissant Max ressentir ce que d'autres filles avaient ressenti à son égard, et il avait cru en crever. Une écoute compulsive des albums d'Hélène Séguara avait heureusement réussi à le sortir d'une dépression qui l'avait menacée pendant au moins 3 jours.

    Mais maintenant, il allait mieux. Et il comptait bien se taper Sabrina, qui avait l'air d'une fille qui en veut. Peut-être même pourrait-il y avoir une deuxième fois avec elle, ne serait-ce qu'à cause de leurs goûts communs ennumérés au début de cette histoire.


    ***


    La première nuit qu'ils passèrent ensemble, si tant est que l'on puisse appeler le temps qui sépare minuit de minuit trente une nuit, fut décevante et improductive. Car c'est après cette demi-heure de folle passion qu'ils se quittèrent à jamais.

    Alors que Sabrina était en train de pratiquer une fellation après une chevauchée assez fantastique, Max sentait que la façon dont cette fille suçait le rendait fou. Au sens littéral. Elle pompait comme si cette bite était son dernier repas, puis s'arrêtait brusquement en soufflant bruyamment. Et ça, ça énervait Max. Alors qu'il aurait pu tenir des heures dans la bouche de cette enragée, voilà qu'elle faisait des pauses asthmatiques en se mettant à souffler comme un phoque. Au bout d'un moment de cette comédie, il ne tint plus:

    « y'a quelque chose qui va pas ? »

    « Ben c'est pas ça, mais y'a un truc qui faut que je te dise »

    Oh putain, pensa Max, en plus elle veut parler. Et maintenant. Comme si elle pouvait pas finir le boulot et parler après. Je veux bien rester même une demi-heure s'il le faut, mais qu'elle continue et surtout qu'elle ne s'arrête plus...

    « Ben vas-y »

    « Tu me préviens avant de jouir... Parce que moi, j'avale pas. Je mange déjà pas les huîtres parce que je trouve ça dégueulasse, alors ça... »


    ***


    Max et Sabrina auraient pu former un super couple. Tout aurait pu bien marcher entre eux. Parce qu'ils avaient des goûts très proches: en matière de culture (ils étaient tous les deux fans de « Qui veut gagner des millions? »), de littérature (à eux deux, ils possédaient l'ensemble des oeuvres d'Amélie Nothomb) et surtout de grande musique.


    Malheureusement, Sabrina n'aimait pas les huîtres.


    Matthieu


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