• Tout, Tout, Tout, Vous saurez tout sur sa mère

     

    Ce qu'il y a de bien avec Pedro Almodovar, c'est qu'il en fait jamais trop. Il est toujours d'une sobriété exemplaire, qui pourrait presque faire passer Ingmar Bergman pour un Raymond Devos dopé aux amphetamines. Non, toujours sobre, toujours solidement ancré dans la réalité... Rien de tel qu'un exemple pour le démontrer: Arte diffuse ce soir, en première partie de soirée Tout sur ma mère.


    Tout sur ma mère, c'est l'histoire d'une femme... Bon, OK, Pedro Almodovar, c'est toujours l'histoire d'une femme. Ca peut aussi être l'histoire de pleins de femmes qui gardent des maris dans des congélateurs ou qui trucident leur mari et la maîtresse de ce dernier car il a couché avec sa fille qui en a eu un enfant dont le beau-père a voulu abuser (ça, c'est Volver, et c'est pas du tout alambiqué comme film).


    Donc, Tout sur ma mère raconte l'histoire d'une femme dont le fils Esteban meurt percuté par une voiture après avoir appris de la bouche de sa mère qu'elle a rencontré son père dans une troupe de théâtre amateurs. Donc, le premier mec du film meurt après environ 3 minutes 30. C'est ça qui est bien aussi avec Almodovar, c'est que ses personnages de sexe masculin connaissent toujours une fin expresse. Là, ça donne lieu à une très belle scène dans laquelle Manuela, la mère, hurle à la mort pendant longtemps, très longtemps... Tellement longtemps que la première fois que j'ai vu ce film, j'ai cru qu'ils avaient foutu au milieu un concert de Lara Fabian. Mais non. Une fois le gosse enterré, Manuela va partir à la recherche du père du gamin pour lui annoncer la nouvelle.


    Et elle va croiser un nombre sidérant de malades du SIDA. C'est à dire qu'en fait, toutes les personnes qu'elle va rencontrer sont malades du SIDA. On se croirait dans du La Fontaine: ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés...

    Si j'étais acteur, je voudrais pour rien au monde jouer dans un film d'Almodovar: parce que soit j'aurais un rôle de 4 minutes maximum (au delà desquelles je mourrais dans d'incommensurables souffrances), soit je serais un malade du SIDA en phase terminale. Ah oui, j'oubliais, je pourrais aussi être un infirmier qui baise une femme dans le coma, ce qui n'est guère plus glorieux.


    Enfin bon, Manuela suit son périple, finit par retrouver le père de son fils. Qui, bien évidemment et fort à propos, est aussi atteint du SIDA. Mais ça, on s'en fout un peu, parce que c'est pas ce qui frappe; non; ce qui frappe, c'est que le père d'Esteban est devenu une femme. Et oui. Un transexuel atteint du SIDA. Un transexuel atteint du SIDA dont le fils est mort... Franchement... Ils nous proposent pas des belles soirées sur ARTE ?


    Matthieu


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