• Poils sous les bras

     

    A chaque âge sa question existentielle; pour les petits enfants, savoir s'ils vont être abandonnés ou pas. Pour les vieux, savoir s'ils vont mourir prochainement ou pas. Un peu avant, savoir si on a réussi sa vie ou pas. Encore avant, savoir si on va réussir sa vie ou pas.


    A l'âge de 14-15 ans, j'avais une grande question existentielle; un truc dont j'aurais adoré connaître la réponse, parce que, à l'époque, rien d'autre n'avait d'importance pour moi; ma question était: vaut-il mieux avoir une grosse bite ou sortir avec des filles ? Parce que je n'avais ni l'un ni l'autre: ni une grosse queue avec des poils autour (pour la taille, je tiens d'ailleurs à remercier dame nature qui, sans doute pour compenser des errements qui l'ont conduit à m'attribuer un sexe digne de ce nom de manière tardive, m'a pourvu d'un membre démesuré que d'aucun prennent pour une massue, une batte de base-ball voire même un gourdin) ni une copine pour embrasser devant les autres.


    Des poils sous les bras... Une vie adolescente résumée par une irrésistible envie et un besoin tout aussi urgent d'avoir des poils sous les bras...


    Quand j'étais adolescent (pas boutonneux, et heureusement, les rares fois où j'ai eu un bouton d'acnée sur le visage, mon père hurlait au dégoût, me disait que ça le répugnait de manger à côté de moi et voulait m'enduire d'une espèce de pommade immonde qui séchait avec le temps), mon rêve, ça aurait été d'être un autre. Antoine, T. (dont j'ai appris un peu plus tard qu'il était, lui et ses frères, cogné par son père chirurgien), Sylvain, Bertrand, Jean-Baptiste, Xavier, Nicolas, ou Olivier. Mais ma préférence de changement de personne immédiat et irrémédiable allait quand même vers Olivier. Quand j'avais 15 ans, j'avais un rêve: être Olivier.


    Certains rêvent de devenir pilote de formule 1, chirurgiens, vétérinaires, avocats, tueurs en série, moi, je rêvais simplement d'être Olivier. Pour avoir des abdos qu'on voit, une copine, de l'assurance, et des poils sous les bras. Parce que c'était vachement important ça. Ca montrait pleins de choses (que je n'ai pas besoin d'énumérer ici, n'importe quel ouvrage sur les changements apportés par la puberté suffiront à vous faire comprendre de quoi je parle, et je ne parle pas uniquement d'éjaculation, merci de ne pas réduire ma personnalité adolescente à un jet de liquide blanc). Olivier...


    Du coup, quand Olivier s'est marié (il y a un an ou deux), ça m'a déchiré le coeur. Non. En fait, pas déchiré le coeur comme si j'étais triste qu'il m'échappe. Déchiré le coeur comme si un autre truc de ma jeunesse s'envolait définitivement.


    Et aujourd'hui encore, quand je me sens en position d'infériorité, quand je me sens dans une situation que je ne peux pas maîtriser, j'ai l'impression de ne pas avoir de poils sous les bras, et de rêver d'être Olivier.


    Matthieu


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  • Commentaires

    1
    Olivierquirevaitd'et
    Lundi 3 Décembre 2007 à 19:57
    cette note est tout bonnement excellente, matthieu.
    2
    erematthieu
    Lundi 3 Décembre 2007 à 19:58
    oui c'est la suite de mon pseudo, là.

    3
    Yael
    Lundi 3 Décembre 2007 à 21:22

    C'est degueulasse pasque tu nous fais envie avec ton gourdin.

    C'est comme agiter un hamburger sous les yeux d'un type qui creve de faim, non vraiment tu deconnes Matthieu.

    4
    lindadechouja
    Mardi 4 Décembre 2007 à 13:09
    Je trouve chette note fort bien écrite, la pilojité chou les bras est un compojante essenchielle de l`attrait chexuel d`un homme ou d`une femme.
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