• In girum imus nocte et consumimur igni. Aut non.

    Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu. Ou pas.

    Alors là, franchement, si c'est pas un titre qui déchire sa race...

    Je crois que je sais ce que j'ai: j'ai attrapé un démon. Des mecs attrapent la grippe, d'autres le choléra, d'autre la petite vérole, moi, j'ai attrapé un démon. Mais pas un démon comme dans "sors de ce corps, Satan" ou "Ta mère suce des bites en enfer".

    Non, pas un démon de ce style, plutôt un démon comme ça:

    Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie, telle que tu la vis maintenant et que tu l'as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d'innombrables fois ; et il n'y aura rien de nouveau en elle si ce n'est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement, et tout ce qu'il y a d'indiciblement petit et grand dans ta vie, devront revenir pour toi et le tout dans le même ordre et la même succession - cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même. L'éternel sablier de l'existence ne cesse d'être renversé à nouveau - et toi avec lui ô grain de poussière de la poussière ! »

    Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démon qui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instant formidable où tu aurais pu lui répondre : « Tu es un Dieu et jamais je n'entendis choses plus divines ! »  (Nietzsche - le gai savoir)

    Et bien, si cela m'arrivait, je déprimerais... Et je prendrais du Prozac, et du Xanax pour dormir. J'irais au boulot mais je serais incapable de faire quelque chose, je ferais bonne figure devant les autres et m'effondrerais en arrivant chez moi, je serais sans force et l'esprit incapable de réfléchir à une chose future, j'attendrais que quelqu'un veuille bien me dire ce que je dois faire.
    Parce que le problème est là: avec la visite à ma famille en décembre, plus le fait que je tente en ce moment de reprendre certains aspects de ma vie en main (enfin, dis comme ça, ça fait classe et tout, en fait, j'ai simplement décidé de m'occuper de moi), plus des petits trucs de ci de là qui, accumulés, me donne l'impression que le passé va recommencer, que je vais devoir me refarcir les années de mon adolescence, puis revivre le divorce de mes parents et toutes les responsabilités qui me sont tombées dessus... Bref, le démon m'a annoncé que j'allais devoir tout recommencer.

    ---

    Bon, il me semble en même temps. J'en suis même pas sûr. Parce que je ne suis sûr de rien. Et encore à propos du passé, je suis sur copaindavant. Et donc, toutes les semaines (je crois) je reçois les fiches mises à jour. Et vous savez quoi ? T. est inscrit ! J'avais pas réussi à le retrouver à cause de l'orthographe de son prénom et de celle de son nom. Bon. Et ben ce petit con vit dans le XVIè arrondissement où il est analyste cadre (ou une connerie dans le genre, enfin, un truc qui en jette et qui doit rapporter un max de pognon). D'ailleurs, c'est un truc que je trouve étonnant sur copaindavant... Pourquoi tous les gens qui sont inscrits sont soit profs, soit cadres supérieurs, soit banquiers ? Pourquoi y'a pas un mec qui bosse à la chaîne, pas un mec qui rame, pas un mec au chômage ?
    Ah ah... Aussi bien, T. est au chômdu, il vit dans un taudis où il y a des cafards qui lui courent dessus la nuit, et il fantasme sur Britney Spears (oui, il n'a jamais eu de goût).

    ---

    Je rêve de trucs qui me dépriment encore plus. Même pas de T., qui ne me déprime pas. Non. D'autres mecs. Du passé aussi. C'est assez chiant ça. Parce que c'est tard, tu vas dormir, et tu sais même pas de quels trucs tu vas rêver. Et que des trucs du passé. Que des trucs où j'avais 15 ans.
    Mon psy m'a une fois expliqué que l'inconscient n'a pas de notion du temps. Il traite pareil les trucs vieux de plus de 10 ans et ce qui s'est passé hier. C'est super pas pratique. Enfin, pour moi. Je sais pas pour les autres.

    ---

    J'aurais voulu écrire une note qui se serait appelée "des claques qui se perdent". J'aurais comparé brillamment (oui, tant qu'à parler d'une note pas écrite, autant être dytirambique) Jérôme Kerviel et le gamin qui s'est prit une claque par son prof dans un collège du nord, et j'aurais fini par dire que Jérôme Kerviel avait probablement échappé à une baffe, et que c'était finalement fort regrettable (mais bien évidemment, je l'aurais mieux dit que ça, et tout le monde aurait posté un commentaire en disant que c'était une idée de note géniale, que c'était encore mieux qu'avant, que j'étais revenu en encore mieux).

    ---

    Faudra aussi que je vous raconte ma visite au musée la semaine dernière. Une après-midi de cauchemar. Je voulais aussi faire une note dessus. Parce que le musée est composée d'une seule salle, et qu'en face de cette salle se déroulaient les cours de clarinette pour débutants. Je déteste les instruments à hanche. Je leur trouve un ton asthmatique. Sauf peut-être le saxo, s'il est extrêmement bien joué. Donc, c'était horrible comme bruit. (mais bien évidemment, je l'aurais mieux dit que ça, et tout le monde aurait posté un commentaire en disant que c'était une idée de note géniale, que c'était encore mieux qu'avant, que j'étais revenu en encore mieux).

    ---

    Je suis en train de lire un bouquin qui traite des femmes SDF. Brigitte (puisqu'on ne la connaît que par son prénom) raconte comment, après s'être fait plusieurs fois cognée par son Jules, décide, un soir où elle craignait qu'il ne la tue, de partir précipitamment. Et, à 42 ans, elle se retrouve à la rue. Elle raconte. Bien évidemment, je l'ai acheté à cause de mon côté voyeur (et ne faites pas les innocents, on a tous un côté voyeur). Mais ce qu'elle raconte va au delà de ce qu'on peut imaginer.
    Ainsi, alors qu'elle en est à son 5ème jour dans la rue, elle se rend dans une association. Elle explique son cas, et là, l'assistante sociale (ce que j'adore dans ce livre, c'est qu'il me permet de dire tout le mal que je pense de ces pétasses qui croient que la vie c'est comme une émission de Delarue) lui fait cette réponse hallucinante:
    "mais nous ne nous occupons que des personnes qui sont dans la rue depuis plus de 1 mois. Je ne peux rien faire pour vous, mais revenez le mois prochain".
    Et oui...
    Il y a plus malheureux que moi, mais ça ne m'atteint pas. Parce que je ne déprime plus comme au début. Simplement, je n'arrive pas à savoir ce que je dois faire, je suis incapable de prendre une décision, et je ne sais pas ce que je veux. Mais malheureux, point.

    ---

    Matthieu


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Lbf
    Samedi 2 Février 2008 à 19:30
    Courage ! Un conseil, accroche toi à l'humour de tes posts, aussi acerbe fussent ils. :) C'est pour ça qu'on aime passer par ici et que ton blog nous prend de la place sur notre page de fils Rss :)

    2
    pierrix
    Dimanche 3 Février 2008 à 14:52

    Ahah excellent l'assistante asociale qui prend que les malheureux depuis plus d'un mois, j'adore.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    3
    zorro
    Samedi 18 Octobre 2008 à 22:02
    un jour, en plein milieu d'une grosse engueulade, ma mère commence à réciter un notre père pour faire sortir le diable de mon corps...véridique
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :