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    Je suis un incapable. Et inconstant en plus. Lorsque j'ai commencé ce blog, j'avais dans l'idée de poster un article tous les jours. Sauf le mardi. Pour me permettre de prendre un peu d'avance. Et depuis quelques semaines, plus rien. Plus envie. Mais pas plus envie d'écrire, ça serait trop simple. Non, plus envie de rien. Plus envie d'être éveillé, plus envie de dormir, plus envie de manger, plus envie de ne pas manger, plus envie d'avoir envie, plus envie de ne pas avoir envie. Mais je dois aller certainement mieux, puisque j'écris. Certainement...


    Aujourd'hui, après une nuit pourrie (je ne me souviens que d'avoir rêvé d'un blond), j'ai pleuré. J'ai commencé à pleurer lorsque Jules m'a demandé deux assiettes pour le petit déjeuner. En larmes j'étais. Pourtant, il n'y a pas de quoi, des assiettes, on en a.


    J'ai passé ma journée à ne rien faire. Normalement, j'aime bien ça. Un dimanche à ne rien faire, c'est normal. Mais là, je n'avais même pas envie de rien faire.


    Bien sûr, je me suis engueulé toute la journée avec Jules. Mais alors toute la journée. Lui qui était dans un mauvais jour, moi dans un jour comme il ne m'en arrive que rarement.


    Du coup, j'ai bu. Je me suis envoyé une bouteille de vin, puis quelques gorgées de whisky directement à la bouteille vu que je ne trouvais pas les verres situés justes derrière moi. C'est Jules qui m'a finalement enlevé la bouteille, après réconciliation, puisque même dans faire la gueule je suis inconstant. Je vous raconte pas le temps que ça me prend d'écrire cette note sans âme (j'ai peut-être bu, je n'en conserve pas moins une certaine dose de lucidité, faut pas déconner non plus, les palestiniens souffrent aussi), avec les touches du clavier qui me fuient. Y'en a qui pensent à se suicider. Moi je pense simplement à devenir alcoolique. Je suis en bonne voie. Franchement, il ne me manque pas grand chose. Et surtout pas les antécédents familiaux.Un jour, je serai définitivement un alcoolique. Vous verrez.


    Je suis un incapable. Vous connaissez l'histoire de Caïn et Abel ? Dieu, le Dieu drapé dans son trip, sans déprime ni rien, qui demande à Caïn, le type qui vient de tuer son frère: « qu'as-tu fais de ton frère ? », comme on demande à un gamin qui vient de vider le pot de marmelade: « qu'as-tu fais de la confiture » ? Ben moi, je me vois être questionné par un Dieu sadique et cruel: « qu'as-tu fait de ta vie ? ».


    Et moi, de lui répondre: « ben rien ». Je ne sais rien faire de mes dix doigts, je n'ai aucune passion, et je ne suis même pas venu sur mon blog depuis trois semaines environ.


    Et il n'y a aucune raison pour que cela change.


    Matthieu


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  • Scènes vécues:

    - Bonjour papa !
    - Bonjour mon fils
    - Tu as l'air fatigué dis-donc...
    - C'est vrai ? tu dis pas ça pour me faire plaisir ? TU ENTENDS PUPUCE ! IL DIT QUE J'AI L'AIR FATIGUE ! TU VOIS ! Je vais prendre ma tension tiens... oui, elle m'a acheté un appareil portatif pour prendre sa tension. J'en ai besoin, j'ai fait de l'hypertension tu sais.
    ...
    - Alors ? Tu as combien ?
    - 12/8
    - Ah  ben tu vois, c'est super !
    - ... (l'air boudeur)

    ***


    - Bon allez maman on part maintenant
    - Encore une pièce
    - Non, tu as assez joué, ça fait 4 heures qu'on est dans ce casino, et il te reste plus que ce fond de pot
    - Oui mais là, je sens que je vais gagner ! Encore 10 pièces et après on s'en va
    - Mais non je vais être en retard
    - Bon alors que 5 pièces !
    - OK mais après on y va

    ***


    - Bonjour Papy !
    - Tiens, bonjour Matthieu, tu vas bien ?
    - Oui et toi ?
    - Non j'ai pas froid, pourquoi tu me demandes ça ?
    - Non je disais BIEN ET TOI ?
    - Ah oui, bien aussi... Comme un jeune
    - Tu étais en train de regarder la télé ?
    - Non, je regarde pas de DVD, le graveur est en panne.
    - Non, je disais TU REGARDAIS LA TELE ?
    - Oui, je regardais un reportage sur le prix des légumes
    - Ah oui, c'est de la folie comment c'est cher
    - Ta mère ? Qu'est-ce qui se passe avec ta mère ?

    ***


    (le matin)
    - Mais non, je te le dis Nicolas, elle a personne. OK, elle veut faire un break Marjolaine, mais elle a personne. Tu la connais hein ! Elle aurait pas prit quelqu'un avant que le divorce ne soit prononcé. Bon, OK, je peux pas te garantir que c'est impossible, mais ça me percerait un second trou du cul qu'elle soit avec quelqu'un.
    - Ouai, tu dois avoir raison, puis c'est ce que tout le monde me dit
    (l'après-midi, au café)
    - Salut Marjolaine !
    - Salut Matthieu ! Je suis contente que tu ais pu venir, je veux te présenter un ami
    - ...

    Matthieu

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    A chaque âge sa question existentielle; pour les petits enfants, savoir s'ils vont être abandonnés ou pas. Pour les vieux, savoir s'ils vont mourir prochainement ou pas. Un peu avant, savoir si on a réussi sa vie ou pas. Encore avant, savoir si on va réussir sa vie ou pas.


    A l'âge de 14-15 ans, j'avais une grande question existentielle; un truc dont j'aurais adoré connaître la réponse, parce que, à l'époque, rien d'autre n'avait d'importance pour moi; ma question était: vaut-il mieux avoir une grosse bite ou sortir avec des filles ? Parce que je n'avais ni l'un ni l'autre: ni une grosse queue avec des poils autour (pour la taille, je tiens d'ailleurs à remercier dame nature qui, sans doute pour compenser des errements qui l'ont conduit à m'attribuer un sexe digne de ce nom de manière tardive, m'a pourvu d'un membre démesuré que d'aucun prennent pour une massue, une batte de base-ball voire même un gourdin) ni une copine pour embrasser devant les autres.


    Des poils sous les bras... Une vie adolescente résumée par une irrésistible envie et un besoin tout aussi urgent d'avoir des poils sous les bras...


    Quand j'étais adolescent (pas boutonneux, et heureusement, les rares fois où j'ai eu un bouton d'acnée sur le visage, mon père hurlait au dégoût, me disait que ça le répugnait de manger à côté de moi et voulait m'enduire d'une espèce de pommade immonde qui séchait avec le temps), mon rêve, ça aurait été d'être un autre. Antoine, T. (dont j'ai appris un peu plus tard qu'il était, lui et ses frères, cogné par son père chirurgien), Sylvain, Bertrand, Jean-Baptiste, Xavier, Nicolas, ou Olivier. Mais ma préférence de changement de personne immédiat et irrémédiable allait quand même vers Olivier. Quand j'avais 15 ans, j'avais un rêve: être Olivier.


    Certains rêvent de devenir pilote de formule 1, chirurgiens, vétérinaires, avocats, tueurs en série, moi, je rêvais simplement d'être Olivier. Pour avoir des abdos qu'on voit, une copine, de l'assurance, et des poils sous les bras. Parce que c'était vachement important ça. Ca montrait pleins de choses (que je n'ai pas besoin d'énumérer ici, n'importe quel ouvrage sur les changements apportés par la puberté suffiront à vous faire comprendre de quoi je parle, et je ne parle pas uniquement d'éjaculation, merci de ne pas réduire ma personnalité adolescente à un jet de liquide blanc). Olivier...


    Du coup, quand Olivier s'est marié (il y a un an ou deux), ça m'a déchiré le coeur. Non. En fait, pas déchiré le coeur comme si j'étais triste qu'il m'échappe. Déchiré le coeur comme si un autre truc de ma jeunesse s'envolait définitivement.


    Et aujourd'hui encore, quand je me sens en position d'infériorité, quand je me sens dans une situation que je ne peux pas maîtriser, j'ai l'impression de ne pas avoir de poils sous les bras, et de rêver d'être Olivier.


    Matthieu


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    Des fois, le dimanche soir, je bois trop. Parce que ça m'emmerde profondément de retrouver mes collègues le lundi, parce que j'en ai marre de mon boulot, parce que je ne peux pas en changer.

    Ce soir par exemple. On est dimanche soir. Jules a fini une journée de 10 heures (qui a suivit 12 autres journées de 10 heures minimum sans pause entre temps), il a été se coucher, et je me suis retrouvé seul avec la bouteille de whisky. Qui ne demandait qu'à avoir un verre dans lequel se déverser. N'étant par nature par contrariant, et surtout pas envers les bouteilles de whisky, j'ai commencé à me servir.


    No one learned from your mistakes

    Le quart. J'ai descendu le quart de la bouteille. J'ai déjà fait pire. Lorsque je vivais seul, il n'était pas rare que la moitié de la bouteille se retrouve vidée au cours de la soirée du dimanche. Avant, je croyais que j'appartenais à la caste de ceux qui flippent le dimanche soir. Puis un jour, après une discussion un peu plus longue avec quelqu'un avec qui je n'ai, hélas, jamais couché, j'ai réalisé qu'en fait, tout le monde appartenait à la caste de ceux qui détestent le lundi.


    We let our profits go to waste

    Je devrais pas. Franchement. Parce que demain, je vais avoir l'impression d'avoir mangé du foie de vrau cru accompagné d'un cendrier.

    Mais des fois, je me déteste tellemement qu'il vaut mieux en boire qu'en pleurer.

    Des fois, je me trouve tellemement nul que je préfère noyer ce sentiment. Parce qu'il est tellemement exacerbé que, même moi, je me rends compte qu'il est impossible que je sois aussi minable dans la réalité que dans ma perception de moi.


    All that's left in any case

    Des fois, je trouve pas les mots.

    Pour laisser un commentaire à quelqu'un qui fait une note qui déchire sa race, une note dont la lecture te donne envie d'imprimer tout le blog de la personne pour pouvoir le relire au fond du lit.

    Pour réconforter Jules qui est en train de se crever au boulot.

    Pour me dire que je devrais me botter le cul pour essayer de progresser dans mon boulot. De passer un concours quoi.


    Is Advertising space

    Je déteste surtout, chez moi, mon inconstance. Mon incapacité à terminer une chose que j'ai commencé. Je pourrais en raconter des pages. Comment je n'ai pas fini le dernier Garcia Marquez que j'ai acheté, comment je n'ai pas dit à ma soeur ce que je voulais lui dire au début de la conversation, comment je n'ai jamais dit à Jules combien je l'admirais, combien il m'éblouit, combien je le trouve grand.


    Alors, parce qu'il est plus facile de se servir dans un grand verre spécialement prévu à cet effet que de dire les choses, je préfère boire. Et franchement, ça faisait un bail que ça m'était pas arrivé de boire seul. Tellement un bail que je crois que la dernière fois, c'était... il y a un moment.


    Parce que même dans l'alcoolisme, je suis inconstant.


    Matthieu


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  • Après T. et une traversée sentimentale du désert, j'ai fini par rencontrer F. sur internet.

    Bref, j'ai rencontré F., qui s'appelait en vrai Frédéric, puis on a discuté sur MSN. Pour vous dire comme c'est vieux, à l'époque, MSN je connaissais pas trop mais je m'y suis mit. Et on payait internet au forfait pour un nombre d'heures.

    Il avait donc été décidé que j'irai chez F. Pour qu'on se voit. Jusqu'à ce moment-là, tout ce que j'avais vu de F., c'était une photo de lui à la neige, avec une énorme parka, des lunettes de soleil, un bonnet sur sa tête, et des souliers lilas-la-la et des souliers lilas. Je ne sais pas si vous avez déjà vécu des discussions enflammées sur MSN, avec une personne dont vous avez envie de tout savoir, avec laquelle vous passeriez la nuit rien que pour avoir le privilège de parler avec elle. Donc, avec F., c'était pas du tout ça. On a discuté, on a décidé de se voir, mais franchement, à part la perspective d'une expérience sexuelle loin de chez moi, rien ne m'attirait chez F.

    Donc, je prends le train, j'arrive chez F., on fait connaissance, on va bouffer au resto (mais chacun paie sa part), on revient du resto, et... pas de capote. Bon, on était vierge tous les deux, mais on y croyait aux capotes. On repart en ville chercher des capotes, j'en achète deux boîtes au distributeur (j'ai toujours été un garçon que le sens de la démesure et de l'ambition perdraient un jour où l'autre) et on revient. Bon, et là... nouveau problème, pas de gel lubrifiant...

    Ce moment, quand j'y repense, je sais pas si il faut y voir la fraîche naïveté de deux garçons qui sont vierges de toutes relation charnelle (putain, la gueule de ma phrase) ou la connerie éblouissante de deux puceaux. La vérité se situe probablement à mi-chemin, entre les deux. Donc, pas de lubrifiant, mais F. avait, dans un tiroir et je ne sais plus pour quelle raison... Oui, j'ose même pas l'écrire...Du Mytosil... Ouai...

    Ma première pénétration gardera la marque indélébile d'une crème qu'on applique normalement sur les fesses des bébés... La loose... T'imagines ? Une vie sexuelle basée sous le signe du Mystosil... Ca veut dire que mon premier souvenir sexuel fort est irrémédiablement lié à cette crème beige répugnante. Bon, en même temps, le Mytosil, ça lubrifie. Vachement bien même. Tellement bien qu'à un moment, j'ai eu peur que la capote se barre et aille lui perforer l'estomac tellement que ça glisse bien avec le Mytosil...

    F., j'ai décidé que c'était fini la deuxième fois que je l'ai vu. Parce qu'on a de nouveau été au resto, et qu'en apéro, alors qu'il était avec moi, l'amour de sa vie, la quintescence de sa passion sexuelle au Mytosil, il a demandé au serveur la boisson la moins chère... Non, il a pas demande une boisson qui se trouvait être la moins chère. Il a carrément dit: « ce que vous avez de moins cher ». Vert j'étais...

    Pour me venger, en repartant de chez lui, je lui ai emprunté un cd d'ABBA, en sachant que je lui rendrai jamais et que j'allais le lourder.

    Alors F., si tu lis ces lignes, un truc: je te dois un CD d'ABBA, mais cette première fois au Mytosil, on y croyait tous les deux, et c'est peut-être pour ça que malgré la crème jaune qui puait, malgré le lit de tes parents, malgré l'appart de ta grand-mère récemment décédée et malgré le lot de capotes, c'était pas si mal...

    Non je déconne, en fait, c'était une catastrophe, et surtout pour lui.

    Matthieu



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