• Avons pris le train. 1 heure 30 à voyager avec une bande de 5 gamins qui rentraient d'internat. Première semaine passée dans un lycée professionnel. Ils sont très fiers. Fiers de leur médiocrité au collège, fier de leurs comas éthylique, fier d'avoir vomi partout sur le salon de jardin des parents à Mickaël, fiers de leur portable qui contient les dernières chansons d'un groupe qu'ils auront oublié l'année prochaine.


    Ils sont contents d'eux. Ils réussissent! Après avoir eu des 5 sur 20 toute l'année en 3ème, voilà qu'aux tests d'entrée en CFA ils ont eu 16 sur 20 ! Ils sont contents comme si tout le mérite leur revenait, et ne revenait pas à un système qui fait que lorsque vous êtes sur le bord de la route, on se démerde pour qu'en plus, vous en soyez fiers... Ils sont contents d'avoir des notes dans des matières à la con, avec des sujets à la con, tout ça pour, à la fin de leur formation, trouver un boulot à la con. Mais ils ne le savent pas. Ils pensent encore que le monde n'attend qu'eux avec le BEP de vente, ou leur CAP graphiste. Ils pensent être l'avenir, alors qu'ils ne sont que d'un conformisme consommé, ils pensent être uniques, alors que dans le wagon d'à côté, des jeunes tellement semblables à eux pensent la même chose.


    Leur avenir raté, ils pourraient le connaître s'ils ouvraient les yeux: les soirées de beuverie, où n'importe quoi est bon du moment que c'est liquide et alcoolisé, les dimanches vaseux, les lundis à retourner à l'usine. Oui, parce que les usines sont pleines de jeunes filles qui ont eu un BEP vente avant de rencontrer un garçon qui a un CAP graphiste, et qui ont ensuite eu un enfant, elles ne savent pas comment, peut-être à la fameuse soirée de Kévin où il y avait tant de whisky à moins que ce ne soit à la soirée de Benjamin où la vodka coulait à flot.


    Et quand on les voit sortir du train pour aller rejoindre la voiture de leurs parents, comme ils sont fiers, ces jeunes ! Comme ils ont fière allure, à marcher 5 mètres devant leurs parents, des gens dont les chaires avachies ne laissent pas penser un seul instant qu'un jour ils ont été jeunes ! Mais leur jeunesse, c'était avant la grossesse, avant l'usine, avant les crédits Cofidis prit pour rembourser les crédit Cofinoga... Et leurs enfants, qui marchent devant eux pour aller rejoindre la Mégane Scénic achetée avec le crédit Cofinoga, ces enfants-là, qui ont honte de leurs parents de la même façons que leurs parents ont eu honte de leurs parents 20 ans avant eux et de la même façons que leurs enfants auront honte d'eux quand ils seront devenus ce qu'ils pensaient ne jamais devenir: de vieux cons.


    Mais tout va très bien, puisque pour l'instant, on leur fait croire qu'ils sont les meilleurs en leur distribuant de bonnes notes sans aucun mérite, ce qu'ils ignorent. Et les maintenir dans cet état d'ignorance, continuer à leur dire qu'ils sont forts alors qu'ils sont faibles, c'est ce qui fait qu'ils sont contents d'eux. Et fiers. Et qu'ils pensent être les meilleurs.


    Des fois, en vacances, je suis de mauvaise humeur...


    Matthieu



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    Depuis quelques temps, j'ai coupé la sonnerie de mon portable. Depuis que j'ai enfin pu parler à mon père (parler pour de vrai hein, pas parler de la pluie, du beau temps, de la pluie, du beau temps, de la pluie...) et lui dire que je n'allais pas très bien, qu'en fait je repensais à mon enfance (à moi), à sa violence (à lui) physique et verbale, et que j'avais besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Ce à quoi il m'a répondu qu'il n'allait pas très bien non plus, puisqu'il avait la grippe...


    Et puis... Jeudi dernier, mon portable dans ma poche se met à vibrer. 3 fois. Oui, il déconne de temps en temps, et l'appel bascule directement sur messagerie. Et là, je sais tout de suite de quoi il s'agit. Avant de sortir le portable de ma poche. Une sorte de préscience. Je savais qu'en sortant le portable de ma poche et en appuyant longuement sur la touche 1 (pour le répondeur), j'allais entendre la voix de mon père me dire:


    « Bon ben Matthieu, c'est moi. Ecoute, j'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit, et je pense que tu as raison. Je voudrais te demander pardon. Parce que j'ai été un père violent, je te tapais dessus sans raison et je t'insultais sans plus de raison. Parce que je ne t'ai jamais donné de reconnaissance, et que je n'ai pas su t'apporter la confiance en toi que tu méritais pourtant. Parce que je ne me rendais pas compte qu'en fait, tu étais un chouette gamin. Je voudrais te dire que c'est peut être trop tard, mais que je voudrais repartir sur de nouvelles bases avec toi, que nous ayons une discussion franche au cours de laquelle tu pourrais me dire tout ce que tu as sur le coeur. Voilà, rappelle-moi si tu veux, à bientôt j'espère »


    C'est marrant ça, parce que ça s'est passé vachement rapidement dans ma tête. Style en 1 ou 2 secondes, je savais exactement ce qui allait se passer. Un peu comme un flash quoi. Du coup, le coeur léger, j'ai sorti le portable de ma poche, je l'ai dévérouillé...


    Sur l'écran, un message m'informait que je n'avais plus de batterie, raison pour laquelle le portable s'était mis à vibrer...


    J'ai quand même interrogé le répondeur, pour être sûr...

    « Vous n'avez AUCUN nouveau message ».


    Je ferais un très très très mauvais voyant moi. Je suis mieux au bureau.


    Matthieu


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  • Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu. Ou pas.

    Alors là, franchement, si c'est pas un titre qui déchire sa race...

    Je crois que je sais ce que j'ai: j'ai attrapé un démon. Des mecs attrapent la grippe, d'autres le choléra, d'autre la petite vérole, moi, j'ai attrapé un démon. Mais pas un démon comme dans "sors de ce corps, Satan" ou "Ta mère suce des bites en enfer".

    Non, pas un démon de ce style, plutôt un démon comme ça:

    Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie, telle que tu la vis maintenant et que tu l'as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d'innombrables fois ; et il n'y aura rien de nouveau en elle si ce n'est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement, et tout ce qu'il y a d'indiciblement petit et grand dans ta vie, devront revenir pour toi et le tout dans le même ordre et la même succession - cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même. L'éternel sablier de l'existence ne cesse d'être renversé à nouveau - et toi avec lui ô grain de poussière de la poussière ! »

    Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démon qui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instant formidable où tu aurais pu lui répondre : « Tu es un Dieu et jamais je n'entendis choses plus divines ! »  (Nietzsche - le gai savoir)

    Et bien, si cela m'arrivait, je déprimerais... Et je prendrais du Prozac, et du Xanax pour dormir. J'irais au boulot mais je serais incapable de faire quelque chose, je ferais bonne figure devant les autres et m'effondrerais en arrivant chez moi, je serais sans force et l'esprit incapable de réfléchir à une chose future, j'attendrais que quelqu'un veuille bien me dire ce que je dois faire.
    Parce que le problème est là: avec la visite à ma famille en décembre, plus le fait que je tente en ce moment de reprendre certains aspects de ma vie en main (enfin, dis comme ça, ça fait classe et tout, en fait, j'ai simplement décidé de m'occuper de moi), plus des petits trucs de ci de là qui, accumulés, me donne l'impression que le passé va recommencer, que je vais devoir me refarcir les années de mon adolescence, puis revivre le divorce de mes parents et toutes les responsabilités qui me sont tombées dessus... Bref, le démon m'a annoncé que j'allais devoir tout recommencer.

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    Bon, il me semble en même temps. J'en suis même pas sûr. Parce que je ne suis sûr de rien. Et encore à propos du passé, je suis sur copaindavant. Et donc, toutes les semaines (je crois) je reçois les fiches mises à jour. Et vous savez quoi ? T. est inscrit ! J'avais pas réussi à le retrouver à cause de l'orthographe de son prénom et de celle de son nom. Bon. Et ben ce petit con vit dans le XVIè arrondissement où il est analyste cadre (ou une connerie dans le genre, enfin, un truc qui en jette et qui doit rapporter un max de pognon). D'ailleurs, c'est un truc que je trouve étonnant sur copaindavant... Pourquoi tous les gens qui sont inscrits sont soit profs, soit cadres supérieurs, soit banquiers ? Pourquoi y'a pas un mec qui bosse à la chaîne, pas un mec qui rame, pas un mec au chômage ?
    Ah ah... Aussi bien, T. est au chômdu, il vit dans un taudis où il y a des cafards qui lui courent dessus la nuit, et il fantasme sur Britney Spears (oui, il n'a jamais eu de goût).

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    Je rêve de trucs qui me dépriment encore plus. Même pas de T., qui ne me déprime pas. Non. D'autres mecs. Du passé aussi. C'est assez chiant ça. Parce que c'est tard, tu vas dormir, et tu sais même pas de quels trucs tu vas rêver. Et que des trucs du passé. Que des trucs où j'avais 15 ans.
    Mon psy m'a une fois expliqué que l'inconscient n'a pas de notion du temps. Il traite pareil les trucs vieux de plus de 10 ans et ce qui s'est passé hier. C'est super pas pratique. Enfin, pour moi. Je sais pas pour les autres.

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    J'aurais voulu écrire une note qui se serait appelée "des claques qui se perdent". J'aurais comparé brillamment (oui, tant qu'à parler d'une note pas écrite, autant être dytirambique) Jérôme Kerviel et le gamin qui s'est prit une claque par son prof dans un collège du nord, et j'aurais fini par dire que Jérôme Kerviel avait probablement échappé à une baffe, et que c'était finalement fort regrettable (mais bien évidemment, je l'aurais mieux dit que ça, et tout le monde aurait posté un commentaire en disant que c'était une idée de note géniale, que c'était encore mieux qu'avant, que j'étais revenu en encore mieux).

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    Faudra aussi que je vous raconte ma visite au musée la semaine dernière. Une après-midi de cauchemar. Je voulais aussi faire une note dessus. Parce que le musée est composée d'une seule salle, et qu'en face de cette salle se déroulaient les cours de clarinette pour débutants. Je déteste les instruments à hanche. Je leur trouve un ton asthmatique. Sauf peut-être le saxo, s'il est extrêmement bien joué. Donc, c'était horrible comme bruit. (mais bien évidemment, je l'aurais mieux dit que ça, et tout le monde aurait posté un commentaire en disant que c'était une idée de note géniale, que c'était encore mieux qu'avant, que j'étais revenu en encore mieux).

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    Je suis en train de lire un bouquin qui traite des femmes SDF. Brigitte (puisqu'on ne la connaît que par son prénom) raconte comment, après s'être fait plusieurs fois cognée par son Jules, décide, un soir où elle craignait qu'il ne la tue, de partir précipitamment. Et, à 42 ans, elle se retrouve à la rue. Elle raconte. Bien évidemment, je l'ai acheté à cause de mon côté voyeur (et ne faites pas les innocents, on a tous un côté voyeur). Mais ce qu'elle raconte va au delà de ce qu'on peut imaginer.
    Ainsi, alors qu'elle en est à son 5ème jour dans la rue, elle se rend dans une association. Elle explique son cas, et là, l'assistante sociale (ce que j'adore dans ce livre, c'est qu'il me permet de dire tout le mal que je pense de ces pétasses qui croient que la vie c'est comme une émission de Delarue) lui fait cette réponse hallucinante:
    "mais nous ne nous occupons que des personnes qui sont dans la rue depuis plus de 1 mois. Je ne peux rien faire pour vous, mais revenez le mois prochain".
    Et oui...
    Il y a plus malheureux que moi, mais ça ne m'atteint pas. Parce que je ne déprime plus comme au début. Simplement, je n'arrive pas à savoir ce que je dois faire, je suis incapable de prendre une décision, et je ne sais pas ce que je veux. Mais malheureux, point.

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    Matthieu


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  • Cette note est dans la lignée des précédentes. Si un jour je réécris sur ce blog, elle sera donc en principe également supprimée. Parce que normalement, ici, c'est pas un blog à la con avec des états d'âmes alimentés par je ne sais quoi ni... J'ai oublié.

    Arrête de pleurer comme ça devant tout le monde

    Je suis allé faire le plein de ma bagnole. 800 mètres aller-retour. J'ai attendu de rentrer pour m'effondrer en sanglots parce que dans le trajet m'est revenue cette chanson de Brel dans la tête (Jeff, pour ceux qui n'auraient pas pleinement saisit le concept des phrases en gras). Oui, c'est ridicule, mais j'ai eu le sursaut de dignité qui m'a permis d'attendre d'être entre mes murs pour disjoncter. Non parce que faut pas déconner, c'est pas moi ça. Un mec qui pleure après avoir fait son plein...


    Viens, il me reste trois sous, on va aller s'les boire chez la mère Françoise, viens il me reste trois sous, et si c'est pas assez ben il restera l'ardoise

    D'après mon psy, je devrais pas rester enfermé toute la journée. Oui, je suis allé voir mon psy ce soir. Mais je suis pas enfermé, je suis dans mon cocon. Si sortir me fait flipper, autant rester à l'intérieur où il n'y a rien à affronter. Puis me demander de sortir, c'est un peu comme demander à Gilbert Montagné de jouer à « où est Charlie ? » (piqué sur bash.fr, parce que même les vannes j'en suis plus capable).

    Mais je vais essayer. Au programme de demain, musée et forêt (j'espère), au programme de jeudi, piscine. Pas piscine demain, parce que c'est mercredi, et que c'est plein de gosses. Et moi en ce qui concerne les gosses, je suis comme Véronique Courjault et Christine Villemin: j'aime pas trop quand ils courent partout et qu'ils sont vivants.


    Arrête de sangloter, arrête de te répendre

    J'ai même pas pleuré chez le psy. J'ai déconnecté, mais pas pleuré. Déconnecté, c'est un truc bizarre: t'es là, tu vois que quelqu'un en face de toi te parles, tu entends ses mots, mais tu bouges pas et tu penses à rien. C'est un truc que j'avais jamais avant. Si je m'étais pas remué, je crois que je serais encore à la même place en train de fixer le psy l'oeil éteint.


    Et si t'es encore triste ou rien qu'si t'en a l'air

    Je crois que c'est mon passage préféré de la chanson; ce « rien qu'si t'en a l'air ». Je crois que je serais capable d'en parler des heures. Si j'avais envie de parler.

    Tiens, à propos, je commence le Prozac demain. Et sachant les effets qu'il me fait, d'ici 15 jours, je devrais me foutre à parler sans plus pouvoir m'arrêter.


    Matthieu


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    Je déteste les blogs sur lesquels les gens ne parlent que d'eux. Logiquement donc, voici mon second billet dans lequel je ne vais parler que de moi. Et de mes problèmes de merde. Surtout que je n'ai aucun problème. J'ai bu moins qu'hier, et de toutes façons, la bouteille est presque vide, il doit rester deux verres. Les touches me fuient moins que hier soir. J'arrive clairement à les identifier, et à taper sur celle que je veux. Comme Ike Turner en fait. Pour le whisky, un litre en un mois. Pas mal. Même pas mal.


    Je ne me suis pas sorti les doigts du cul. Au contraire. J'ai attendu que la journée se passe. J'ai harcelé Jules au téléphone pour savoir à quelle heure il arriverait. J'ai traîné mon flip chez le généraliste pour avoir une semaine de maladie. Il me l'a donné, en échange de ses problèmes existentiels. Oui, ce médecin ne parle que de lui. La consultation a duré 10 minutes, il a répondu à deux coups de fil dont un de 5 minutes, m'a prescrit du Prozac et du Xanax et a eu cette phrase hallucinante à la fin: « si vous avez besoin de parler, je suis là »... Non, c'est bon, j'ai quelques ficus chez moi, merci.


    Je n'ai même pas envie de casser des assiettes. Pour quoi faire ? A un moment, j'ai été saisi d'une frénésie de nettoyage. J'ai lessivé toutes les portes de placard de la cuisine. Non. En fait, même pas. J'ai fait celles du bas. Mais elles sentent le propre. Le thym. La lavande.


    Tous les gens que j'admire sont morts. Bukowski. Vitold. Romain Gary. Armand. Boris Vian. Bobby Fischer. Et que personne ne vienne me dire que Bobby Fischer était cinglé. On s'en fout. Le génie de ce type était dans les échecs. Pas dans l'amour de son prochain.

    Dans mon panthéon personnel, il n'y a que des morts. C'est normal, c'est un panthéon. On n'a jamais enterré de gens vivants. On n'est pas des nazis bordel.


    Je sais pas trop ce que j'ai, mais une chose dont je suis certain, c'est qu'il me manque un truc pour être heureux pleinement: le mysticisme. T'imagines ? Je serais mysthique, je me trouverais déjà dans une secte dans laquelle un gourou (bien intentionné ou pas, là n'est pas la question, et puis, ne pas se poser de question, ça vaut bien se faire enfiler un épis de maïs dans le cul une fois par semaine non ?) me dirait quoi faire, quoi penser, quoi dire, quoi manger.


    J'aimerais avoir un coach de vie. Un mec tout le temps avec moi qui me dirait que faire en quelles circonstances. Ou que dire. Ou que penser. Je serais prêt à sacrifier toute ma liberté pour une telle sécurité quasimentr carcérale. Le Staline de la pensée Rousseauiste.


    J'ai envie de rien. Et je m'en fout. Et les palestiniens souffrent. Et y'a pas de dépressifs au Sahel, et pas de Prozac au Darfour.


    Et autant je trouvais la note d'hier sans âme, autant je trouve celle d'aujourd'hui toute nulle et décousue. Mais un jour, je reviendrai en forme. Ou pas.


    Matthieu


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