• Courir avec des ciseaux – Augusten Burroughs

    Prenez Holden Caufield, le héros de « l'attrape-coeur », un garçon un petit peu paumé qui a du mal à se trouver des repères. Donnez-lui de la drogue, un psy déjanté, un père qui n'a dans l'idée que de tuer une mère hystérique quand elle va bien et totalement psychotique quand elle va mal, et vous aurez Augusten.


    Augusten a 12 ans dans les années 70 lorsque sa mère le confie à son psy. Qui vit avec des enfants adoptifs et une femme qui mange des croquettes pour chat devant la télé dans une maison où tout est permis. La mère d'Augusten va vivre seule, avec quelquefois la visite de la femme du pasteur qui vient lui bouffer la chatte épisodiquement. La mère d'Augusten, par contre, n'a pas besoin de la femme du pasteur pour se repaître de cire de bougie.


    Dans une sorte d'univers terrifiant et bordélique, Augusten va tenter de grandir. Entre Hope, qui enferme son chat (Freud) et le laisse mourir, persuadée qu'il était malade, Nathalie, qui a été vendue à l'âge de 11 ans par son père (le psy) à un client riche, et Neil Bookman, qui va violer Augusten avant de devenir son amant, la vie est plutôt chaotique.


    Cette autobiographie, qui semble vouloir rire de tout pour ne pas être forcée à en pleurer, laisse place à une mélancolie assez décalée une fois terminée. En effet, dans cette galerie de personnages tous plus cinglés les uns que les autres, on se prend à s'attacher à tel ou tel, et à détester ce psy fou et monstrueux qui, sous couvert de liberté individuelle, laisse ses proches dans un état quasi-sauvage.


    Ainsi, au fur et à mesure du livre, on découvre le langage psychanalytique des insultes familiales (« tu es bloquée au stade oral, salope »), la façon qu'ont les différents membres de cette famille de trouver des réponses à leurs questions (ouvrir la Bible au hasard, y prendre le premier mot qui vous tombe sous la main et interpréter ce mot en fonction de votre question), la manière tout à fait inhabituelle qu'a le psy de lire l'avenir (dans ses étrons, jusqu'au jour où il est constipé et prend cette constipation comme un signe divin indiquant que ce mode de communication ne servira désormais plus), bref, des fous furieux comme on n'en voudrait pas.


    Ainsi, c'est très drôle à lire, mais on ne peut s'empêcher de voir que Augusten, arrivé dans cette maison avec quelques maigres repères, en sort complètement lessivé (au sens de lavage de cerveau), paumé par cette éducation qui n'en est pas une. Et un peu comme on aurait voulu être avec Holden Caufield pour l'accompagner dans les rues de New-York, on aurait voulu être avec Augusten Burroughs pour l'aider à grandir.


    Matthieu


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